Tim Ferriss et le livre La Semaine de 4h, article intialiement publié en 2016

Mon retour d’expérience sur le livre La Semaine de 4 Heures de Tim Ferriss

Tim Ferriss est l’auteur du best-seller La Semaine de 4 heures. Au-delà de sa notoriété, ce livre a eu une résonance toute particulière dans ma vie, tant il a ouvert le champs des possibles. Décryptage.

[Article initialement rédigé en novembre 2014 et publié le 29 mai 2016]

Tim Ferriss, auteur du livre La Semaine de 4h
Tim Ferriss, auteur du livre La Semaine de 4h (CC BY-SA 3.0)

En quête de marchandises culturelles dans le but de tuer le temps après une bonne journée de travail, j’arpentais les rayons de feu Virgin Megastore Toulouse avec nonchalance. Alors que je terminais ma ronde au rayon « Management», un livre au slogan évocateur m’interpella: « La semaine de 4 heures : travaillez moins, gagnez plus et vivez mieux ». C’était il y a six ans (2009) et j’ignorais que ma vie était sur le point de basculer.

Tim Ferriss: c’est qui?

J’ai acheté le livre et l’ai lu d’une traite. Son auteur, Timothy Ferriss aka Tim Ferriss (ou « Tim » pour les intimes), expliquait comment il avait réussi à vivre la vie de ses rêves après avoir automatisé son business et quitté les États-Unis. Son récit et les techniques employées étaient bluffants. Pour ma part, après deux années passées en Irlande, j’avais choisi de rentrer en France exactement au moment où la plus grande crise économique et financière jamais connue frappait le monde. J’avais dû revoir mes plans et revenir vivre temporairement chez mes parents. À 29 ans, j’aspirais à autre chose.

Et La Semaine de 4 heures arrivait comme une bouteille d’oxygène dans ce marasme. Il faut dire que le livre avait tout pour plaire: il avait été écrit par quelqu’un de ma génération qui en connaît le langage. Il nous convie, non sans humour, à rejoindre l’élite des « Nouveaux Bienheureux » qui a réussi à s’extraire du marché du travail grâce à des techniques de Sioux remises au goût du jour. Bref, j’étais le cœur de cible.

La Semaine de 4 heures: comment ça marche?

Après un topo sur le pourquoi du comment il faut changer notre façon de voir les choses, que le monde du travail ne répondra jamais à nos aspirations de bonheur hédonique, et qu’un autre monde est possible, Tim Ferriss passe aux choses pratiques. Il explique tout d’abord comment dépasser nos peurs (grâce à une technique empruntée à Dale Carnagie d’ailleurs) puis nous invite à redéfinir nos buts dans la vie. L’approche qu’il utilise, appelée dreamlining, consiste à définir ce que nous souhaitons être, avoir et faire dans une période de temps donnée (par exemple « je souhaite être un super cuisinier dans 6 mois, yoohoo! ») et à définir un budget et des actions concrètes pour y parvenir. Cette phase a été très intéressante je dois dire, car elle m’a aidé à reconsidérer ma situation et me rendre compte que de nouvelles choses étaient possibles.

L’auteur propose ensuite un processus qui doit nous permettre de devenir plus productif afin de dégager du temps libre. Temps libre qui sera alloué à la mise en place ce qu’il nomme poétiquement une Muse, c’est-à-dire une entreprise qui requiert le moins d’attention possible, qui doit pouvoir être gérée à distance et surtout générer des bénéfices substantiels dans le but d’atteindre nos objectifs élaborés précédemment. Tout un programme! Et nous ne sommes pas en reste puisqu’il dévoile les techniques nécessaires pour atteindre ces hautes aspirations et rejoindre le club très privé des « Nouveaux bienheureux » (« New Rich » en anglais dans le texte original — la traduction littérale sonne moins bien en français, car elle se focalise uniquement sur l’argent). Il explique par exemple comment faire une diète d’information, faire sous-traiter certaines tâches par des assistants virtuels offshore ou encore comment mettre sur pied une demande de télétravail efficace. Sans parler des nombreuses ressources qu’il partage. Enfin le livre accompagne le lecteur une fois la libération obtenue.

Mais ce n’est pas tout puisque ce prolixe auteur possède un blog qui vient compléter le bouquin à merveille. J’allais donc bientôt créer ma boite et devenir financièrement indépendant! A moi La Belle Vie (“The Good Life”, comme disent les américains)!

Site de la semaine de 4h (image de 2016)
Site de la semaine de 4h (image de 2016)

Et dans la vraie vie?

« Et elle est où ton entreprise? » me direz-vous. Et vous auriez raison, car c’est le cœur du programme proposé par le livre. Mais je n’en ai pas, du moins pas encore… Je souffre sans doute du syndrome du wantepreneur (mot composé de « want » — « vouloir » en anglais — et de « entrepreneur » qui se dit aussi dans la langue de Justin Bieber). C’est surtout que monter sa boite, ça ne s’improvise pas: il faut du travail, du temps et de la détermination. Pour ma part, j’ai préféré m’investir dans d’autres choses.

Cependant, le fait de m’engager sur une autre voie, de voir grand, de définir mes buts, de mettre en place les actions nécessaires pour les atteindre et aussi de croire que tout cela était possible a créé des changements incroyables. J’ai notamment changer mon style de vie, changer de situation professionnelle, rencontrer ma compagne et fondé une famille, déménagé à plusieurs reprises, avoir tout ce dont j’avais rêvé d’un point de vue matériel, j’ai voyagé en France et en Europe, sans parler des rencontres faites le long de la route. Tout cela ne s’est pas fait en un claquement de doigts et j’ai aussi fait pas mal d’erreurs.

Mais la force de ce livre réside surtout dans sa capacité à faire prendre conscience du marché du travail actuel, héritage de l’ère industrielle et dépassé par les évolutions technologiques et sociétales du 21èmesiècle qui, justement, ne colle plus avec les aspirations de chacun (encore faut-il les définir correctement). Je crois qu’il se situe d’ailleurs à l’avant garde de changements majeurs. Seth Godin en parle aussi et comme le dit le philosophe Michel Serres, la prochaine génération va sans doute bouleverser tout cela. Alors autant se préparer.

Pas tout à fait d’accord Mr. Ferriss

Il existe cependant des points que je ne partage pas avec l’auteur ou de choses difficilement applicables au marché français dans la mise en œuvre de son plan. Par exemple:

  • Le livre donne l’impression que tout se fera facilement. En fait, pas vraiment. Le côté positif: on passe à l’action de suite!
  • Les techniques marketing peuvent paraître simplistes pour des experts du domaine et, à l’heure d’Internet, certaines sont d’ailleurs désuètes;
  • Allez trouver des petites mains, euh… des assistants virtuels qui parlent français et sont payés comme des pakistanais;
  • Et d’ailleurs pourquoi employer des assistants virtuels, n’est-ce pas déplacer notre problème de manque de temps vers d’autres pays?

Et puis il y a aussi des questions plus personnelles au sujet de l’auteur: À-t-il vraiment fait ce qu’il dit? Pourquoi n’a t-il pas de petite amie (je pense qu’il travaille… trop)? Pourquoi je n’arrive pas à faire comme lui ? Il se la raconte pas un peu quand même? Il mange des blancs d’œufs et des épinards au petit-déj’ parce qu’il n’aime pas cuisiner (bon, ça c’était avant son troisième livre, The 4-Hour Chef)?

Le développement personnel

Dans la foulée, des recherches complémentaires m’ont amené à découvrir d’autres auteurs et d’autres méthodes. J’ai ainsi mis un pied dans le monde du développement personnel. Un domaine dans lequel, j’ai assez vite découvert qu’il y avait à la fois à boire et à manger et à vomir. Le manque de connaissances psychologiques ou techniques de certains auteurs, associé à leur envie de vous vendre leurs solutions formatées et miraculeuses, n’est pas si éloigné des pratiques du père Limpinpin et peut parfois laisser un arrière-goût malsain (« mal soin » devrais-je dire). Mais cela est un autre débat. Certains diront que Tim Ferriss fait la même chose. Peut-être.

Merci se dit « Thank you » en anglais

Au-delà de ces quelques griefs, La Semaine de 4 heures a eu le mérite d’être inspirant et a été déclencheur de transformations positives. Et si aujourd’hui je n’ai pas trouvé ma Muse chère à Tim Ferriss, je consulte toujours son blog avec intérêt. Peut-être une nouvelle session de Dreamlining s’impose… Voilà six ans que tout cela a débuté et je n’ose imaginer ce que serait ma vie si, un jour, je n’avais pas découvert un bouquin dans un magasin. Rien que pour cela: Merci Tim.

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